Vous souvenez-vous de cette expérience difficile qui continue de vous hanter ? Ces images, ces sensations, ces émotions négatives qui surgissent sans prévenir et perturbent votre quotidien ? Pour de nombreuses personnes, ces souvenirs traumatiques semblent impossibles à surmonter, malgré le temps qui passe. C’est précisément pour traiter ce type de situations que la thérapie EMDR a été développée, offrant une approche novatrice et efficace pour traiter les traumatismes et diverses difficultés psychologiques.
L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) ou désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires en français, est une méthode thérapeutique reconnue internationalement qui permet de libérer l’esprit des blocages émotionnels liés aux expériences traumatiques. Cette méthode EMDR utilise des stimulations bilatérales alternées pour faciliter le traitement naturel des informations par le cerveau.
Dans ce guide complet, nous explorerons en détail ce qu’est exactement l’EMDR, comment cette thérapie EMDR fonctionne, son protocole en 8 phases, les problématiques qu’elle peut traiter efficacement, et comment choisir un thérapeute qualifié. Que vous envisagiez cette approche pour vous-même ou que vous cherchiez simplement à vous informer, ce guide vous fournira toutes les informations essentielles sur cette méthode thérapeutique puissante.
Table of Contents
Qu’est-ce que la Psychothérapie EMDR ? Définition et Origines
Une Définition Complète
L’EMDR, acronyme de « Eye Movement Desensitization and Reprocessing » (Désensibilisation et Retraitement par les Mouvements Oculaires), est une approche psychothérapeutique qui permet de traiter les souvenirs traumatiques et les expériences négatives qui continuent d’influencer notre bien-être actuel.
Cette thérapie EMDR vise à transformer la manière dont ces souvenirs sont stockés dans le cerveau, passant d’un état « bloqué » générant de la détresse à un état intégré et adaptatif. L’originalité de cette méthode réside dans l’utilisation de stimulations bilatérales alternées (principalement des mouvements oculaires) qui permettent d’activer les mécanismes naturels de guérison du cerveau.
Les Origines de l’EMDR : La Découverte de Francine Shapiro
L’histoire de l’EMDR commence en 1987 avec la psychologue américaine Francine Shapiro. Lors d’une promenade dans un parc, elle remarque que ses pensées négatives diminuent d’intensité après avoir réalisé spontanément des mouvements oculaires latéraux. Intriguée par ce phénomène, elle développe une méthode structurée qu’elle teste d’abord sur des vétérans de guerre souffrant de stress post-traumatique, avec des résultats remarquables.
En 1989, elle publie sa première étude clinique contrôlée qui démontre l’efficacité de cette approche, alors appelée simplement « EMD » (Eye Movement Desensitization). La méthode évolue rapidement pour inclure non seulement la désensibilisation mais aussi le retraitement des informations traumatiques, devenant ainsi l’EMDR que nous connaissons aujourd’hui.
Le Modèle Théorique Clé : Le Traitement Adaptatif de l’Information (TAI/AIP)
Au cœur de l’EMDR se trouve le modèle du Traitement Adaptatif de l’Information (TAI, ou AIP en anglais pour Adaptive Information Processing). Ce modèle propose une explication du fonctionnement psychologique et des mécanismes de guérison.
Selon ce modèle :
- Notre système nerveux possède naturellement la capacité de traiter les expériences et informations pour les intégrer de manière adaptative.
- Lors d’événements traumatiques ou très stressants, ce système de traitement peut être dépassé, laissant les souvenirs « bloqués » dans leur forme brute, avec leurs émotions négatives et sensations physiques d’origine.
- Ces souvenirs non traités sont stockés dans des réseaux neuronaux isolés, sans pouvoir se connecter aux informations adaptatives que possède déjà la personne.
- Lorsque ces souvenirs sont activés (par un stimulus rappelant le trauma), ils génèrent une détresse similaire à celle vécue initialement.
L’EMDR vise donc à « débloquer » ce système naturel de traitement de l’information pour permettre l’intégration adaptative des souvenirs traumatiques, connectant ces souvenirs aux ressources positives de la personne.
Comment Fonctionne Concrètement l’EMDR ? Le Mécanisme d’Action
Le Rôle Central de la Stimulation Bilatérale Alternée (SBA)
L’élément distinctif de l’EMDR est l’utilisation de stimulations bilatérales alternées (SBA). Ces stimulations consistent à activer alternativement les deux hémisphères cérébraux pendant que la personne se concentre sur le souvenir traumatique. Cette double attention (focus interne sur le souvenir et externe sur les stimulations) semble créer des conditions optimales pour que le cerveau puisse retraiter naturellement l’information bloquée.
Les Différents Types de Stimulations Bilatérales Alternées
Il existe plusieurs façons d’appliquer ces stimulations bilatérales :
- Les mouvements oculaires : Le thérapeute guide le regard du patient de gauche à droite (et inversement) avec ses doigts ou un autre objet. Le patient suit ces mouvements des yeux sans bouger la tête. C’est la méthode originale et encore la plus couramment utilisée.
- Les tapotements (tapping) : Le thérapeute tapote alternativement les mains ou les genoux du patient, ou le patient peut effectuer lui-même ces tapotements. Cette méthode est particulièrement utile pour les personnes ayant des difficultés avec les mouvements oculaires.
- Les stimulations auditives : Des sons alternés sont diffusés dans chaque oreille (via un casque ou un appareil spécifique). Cette technique peut être préférée dans certains cas spécifiques.
Comment la SBA Aide au Retraitement de l’Information
Le mécanisme exact par lequel les stimulations bilatérales facilitent le retraitement reste sujet à recherche, mais plusieurs hypothèses scientifiques sont avancées :
- Hypothèse attentionnelle : La double attention (interne/externe) réduirait la vivacité émotionnelle du souvenir et permettrait une prise de distance.
- Hypothèse neurobiologique : Les mouvements bilatéraux activeraient des mécanismes neurologiques similaires à ceux de la phase REM du sommeil, phase durant laquelle le cerveau traite naturellement les expériences quotidiennes.
- Hypothèse de la charge cognitive : La SBA occuperait une partie de la mémoire de travail, réduisant la capacité à maintenir le souvenir traumatique dans toute son intensité.
Quel que soit le mécanisme exact, l’expérience clinique montre que pendant le processus EMDR, les associations entre le souvenir traumatique et d’autres souvenirs, pensées et perspectives se développent spontanément. Le souvenir initial perd progressivement de sa charge émotionnelle et s’intègre de manière plus adaptative dans le réseau global des expériences de vie de la personne.
Les 8 Phases du Protocole EMDR Détaillées Pas à Pas
L’EMDR n’est pas une simple technique de mouvements oculaires, mais un protocole thérapeutique complet et structuré en 8 phases. Cette structure rigoureuse garantit à la fois l’efficacité et la sécurité du traitement.
Phase 1 : Prise d’Histoire et Planification du Traitement
Cette première phase est cruciale car elle permet au thérapeute de :
- Recueillir l’histoire complète du patient et comprendre ses difficultés actuelles
- Identifier les événements traumatiques à l’origine des symptômes
- Évaluer si l’EMDR est approprié pour cette personne à ce moment précis
- Élaborer un plan de traitement adapté, en identifiant les « cibles » (souvenirs) à traiter en priorité
Durant cette phase qui peut s’étendre sur plusieurs séances, le thérapeute établit également une relation de confiance avec le patient, élément essentiel pour la suite du travail.
Phase 2 : Préparation
Avant de commencer le retraitement proprement dit, le thérapeute s’assure que le patient dispose des ressources nécessaires pour faire face aux émotions qui pourraient surgir pendant le traitement. Cette phase comprend :
- L’explication détaillée du processus EMDR et du modèle TAI
- L’enseignement de techniques de stabilisation et d’auto-apaisement
- La création d’un « lieu sûr » mental où le patient pourra se réfugier si nécessaire
- L’établissement d’un signal d’arrêt que le patient pourra utiliser si la séance devient trop intense
Cette phase de préparation est particulièrement importante pour les personnes ayant vécu des traumatismes complexes ou présentant une grande fragilité émotionnelle.
Phase 3 : Évaluation
Une fois le patient préparé, le thérapeute l’aide à activer le souvenir cible en identifiant :
- L’image la plus perturbante associée au souvenir
- La croyance négative que la personne a sur elle-même en lien avec cet événement
- La croyance positive qu’elle souhaiterait avoir à la place
- Les émotions et sensations physiques actuellement liées à ce souvenir
- Le niveau de perturbation sur une échelle de 0 à 10 (échelle SUD – Subjective Units of Disturbance)
- Le degré de vérité ressenti pour la cognition positive sur une échelle de 1 à 7 (échelle VOC – Validity of Cognition)
Cette évaluation précise servira de référence pour mesurer les progrès au cours du traitement.
Phase 4 : Désensibilisation
C’est la phase centrale du traitement EMDR, durant laquelle le retraitement du souvenir traumatique se produit. Le protocole comprend :
- Le patient se concentre simultanément sur l’image traumatique, la croyance négative et les sensations physiques associées
- Le thérapeute initie des séries de stimulations bilatérales (mouvements oculaires, tapotements ou sons)
- Après chaque série, le patient rapporte brièvement ce qui lui vient à l’esprit
- Le thérapeute poursuit avec de nouvelles séries de stimulations en suivant ce qui émerge
- Le processus continue jusqu’à ce que le niveau de perturbation (SUD) associé au souvenir initial diminue idéalement jusqu’à 0 ou 1
Durant cette phase, le matériel traumatique se transforme progressivement à mesure que de nouvelles associations se créent.
Phase 5 : Installation
Une fois que la charge émotionnelle négative du souvenir est réduite, le thérapeute aide le patient à renforcer la connexion entre ce souvenir et la croyance positive identifiée précédemment :
- Le patient associe le souvenir initial (maintenant moins perturbant) avec la cognition positive souhaitée
- Des séries de stimulations bilatérales sont réalisées pour renforcer cette association
- Le processus continue jusqu’à ce que la croyance positive soit ressentie comme totalement vraie (idéalement 7 sur l’échelle VOC)
Cette phase permet d’ancrer la nouvelle perspective plus adaptative.
Phase 6 : Scanner Corporel
Même lorsque le travail cognitif et émotionnel semble achevé, des traces du traumatisme peuvent persister dans le corps sous forme de tensions ou sensations. Le thérapeute guide donc le patient pour :
- Scanner mentalement son corps de la tête aux pieds pour identifier toute tension résiduelle liée au souvenir initial
- Si des tensions sont détectées, de nouvelles séries de stimulations bilatérales sont appliquées jusqu’à leur résolution
Cette phase assure que l’intégration du souvenir est complète, y compris au niveau corporel.
Phase 7 : Clôture
À la fin de chaque séance, le thérapeute s’assure que le patient est stabilisé émotionnellement, que la séance soit complétée ou non :
- Si le retraitement n’est pas terminé, des techniques de containment sont utilisées pour « mettre de côté » temporairement le matériel non résolu
- Le thérapeute renforce les ressources et techniques de gestion émotionnelle
- Le patient est informé que le processus peut se poursuivre entre les séances (rêves, nouvelles prises de conscience)
- Des instructions sont données sur la façon de noter ces expériences inter-séances
Cette phase garantit que le patient quitte la séance dans un état émotionnel équilibré.
Phase 8 : Réévaluation
Au début de chaque nouvelle séance, le thérapeute évalue les effets du travail précédent :
- Vérification des cibles déjà traitées pour s’assurer que les résultats positifs se maintiennent
- Identification de nouveau matériel qui aurait pu émerger entre les séances
- Ajustement du plan de traitement si nécessaire
Cette phase assure la continuité et l’efficacité du traitement sur le long terme.

Pour Qui et Pour Quelles Problématiques l’EMDR est-elle Indiquée ?
Indication Principale : L’État de Stress Post-Traumatique (ESPT/PTSD)
L’EMDR a été initialement développée pour traiter l’état de stress post-traumatique, et c’est dans ce domaine qu’elle a reçu ses validations scientifiques les plus solides. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) reconnaît l’EMDR comme l’une des deux approches psychothérapeutiques recommandées pour le traitement du PTSD, aux côtés de la thérapie cognitivo-comportementale axée sur le trauma.
Les recherches démontrent son efficacité pour les traumas liés à :
- Les catastrophes naturelles ou humaines
- Les accidents graves
- Les agressions physiques ou sexuelles
- Les expériences de guerre ou de violence
- Les traumatismes médicaux
Autres Indications Validées ou Étudiées
Avec le développement de la recherche et de la pratique clinique, l’EMDR s’est révélée efficace pour traiter de nombreuses autres problématiques :
Traumatismes simples et complexes :
- Maltraitance infantile
- Violence conjugale
- Traumatismes répétés ou prolongés
Troubles anxieux :
- Phobies spécifiques
- Anxiété généralisée
- Attaques de panique
- Troubles obsessionnels compulsifs
Problématiques de deuil :
- Deuil compliqué
- Pertes significatives non résolues
Troubles de l’humeur :
- Dépression liée à des expériences négatives
- Estime de soi fragile basée sur des expériences précoces
Problématiques physiques :
- Douleur chronique avec composante psychologique
- Troubles psychosomatiques
Addictions :
- En complément d’autres approches pour traiter les traumatismes sous-jacents
Difficultés relationnelles :
- L’aide couple EMDR est une application spécifique pour traiter les traumatismes au sein du couple
Troubles dissociatifs :
- Avec des protocoles adaptés et précautions particulières
Contre-indications et Précautions
L’EMDR n’est pas adaptée à toutes les situations ou peut nécessiter des ajustements significatifs dans certains cas :
Contre-indications relatives :
- Grossesse à risque (en raison des fortes émotions pouvant être vécues)
- Troubles cardiaques graves non stabilisés
- Épilepsie non contrôlée
- Psychose aiguë
Situations nécessitant une préparation accrue :
- Troubles dissociatifs sévères
- Risque suicidaire important
- Consommation active de substances
- Absence de stabilité minimale dans la vie quotidienne
Dans ces cas, un thérapeute EMDR expérimenté pourra adapter le protocole standard ou recommander de commencer par une autre approche pour stabiliser la situation avant d’envisager l’EMDR.
Quels Sont les Bienfaits Attendus et les Résultats Possibles ?
L’EMDR peut apporter des changements significatifs à plusieurs niveaux. Les bénéfices les plus fréquemment rapportés sont :
Diminution de la Détresse Liée aux Souvenirs
L’un des premiers effets observables est la réduction de l’intensité émotionnelle associée aux souvenirs traumatiques :
- Les images mentales deviennent moins vives et intrusives
- Les réactions émotionnelles (peur, colère, honte) s’atténuent
- Les souvenirs peuvent être évoqués sans déclencher de détresse intense
- Les flashbacks et cauchemars diminuent en fréquence et en intensité
Modification des Croyances Négatives sur Soi
Les expériences traumatiques génèrent souvent des croyances limitantes qui persistent longtemps après l’événement. L’EMDR permet de transformer ces perceptions :
- Les cognitions négatives (« Je suis en danger », « Je suis impuissant(e) », « Je ne vaux rien ») sont progressivement remplacées par des croyances plus adaptatives
- La personne développe un sentiment accru de valeur personnelle et d’efficacité
- La perception de soi devient plus nuancée et réaliste
Apaisement des Symptômes Associés
Au-delà du travail direct sur les souvenirs, l’EMDR contribue à réduire de nombreux symptômes liés au trauma :
- Diminution des comportements d’évitement
- Réduction de l’hypervigilance et des réactions de sursaut
- Amélioration du sommeil
- Réduction des symptômes anxieux et dépressifs
- Diminution des comportements compulsifs ou addictifs utilisés comme stratégies d’adaptation
Amélioration du Fonctionnement Quotidien
Ces changements psychologiques se traduisent par des améliorations concrètes dans la vie quotidienne :
- Retour aux activités normales qui étaient évitées
- Amélioration des relations interpersonnelles
- Meilleure capacité de concentration et performance professionnelle
- Réduction de la fatigue liée à la tension chronique
- Plus grande capacité à profiter du moment présent sans être envahi par le passé
Intégration de l’Expérience Traumatique
L’EMDR ne fait pas « oublier » le trauma mais change la façon dont il est stocké et intégré :
- L’expérience devient un souvenir normal, sans charge émotionnelle excessive
- La personne peut tirer des enseignements de l’expérience (« J’ai survécu », « Je suis résilient(e) »)
- Le trauma n’est plus au centre de l’identité mais devient une partie intégrée de l’histoire personnelle
- Développement d’une perspective plus large sur sa vie, au-delà du trauma
Ces résultats peuvent apparaître à différents rythmes selon les personnes et les types de traumatismes. Certains patients rapportent des changements significatifs après quelques séances, tandis que d’autres nécessitent un traitement plus long, particulièrement pour les traumatismes complexes ou précoces.
Mythes et Réalités : Ce que l’EMDR N’est Pas
Malgré sa reconnaissance scientifique croissante, l’EMDR reste entourée de certaines idées fausses qu’il convient de clarifier :
L’EMDR n’est pas de l’hypnose
Contrairement à une idée reçue, l’EMDR ne provoque pas d’état hypnotique :
- Le patient reste pleinement conscient et présent pendant toute la séance
- Il garde le contrôle et peut interrompre le processus à tout moment
- Aucune suggestion n’est faite par le thérapeute concernant le contenu des souvenirs
- Le patient reste actif dans le processus et communique régulièrement avec le thérapeute
L’EMDR n’efface pas les souvenirs
L’objectif de l’EMDR n’est jamais de supprimer ou d’effacer les souvenirs traumatiques :
- Les souvenirs demeurent accessibles mais sont transformés
- La charge émotionnelle négative diminue, mais les faits restent connus
- La personne peut se rappeler l’événement sans être submergée émotionnellement
- L’EMDR aide à « digérer » le souvenir, pas à l’éliminer
L’EMDR n’est pas une solution miracle instantanée
Bien que certaines personnes connaissent des améliorations rapides, l’EMDR ne fonctionne pas comme un « effacement magique » instantané :
- Le nombre de séances nécessaires varie considérablement selon les personnes et les problématiques
- Les traumatismes complexes ou précoces nécessitent généralement un traitement plus long
- Le processus implique parfois une intensification temporaire des symptômes avant l’amélioration
- L’intégration complète des changements peut prendre du temps après la fin du traitement actif
L’importance cruciale d’un thérapeute formé et certifié
L’efficacité et la sécurité de l’EMDR reposent en grande partie sur la compétence du praticien :
- Les mouvements oculaires seuls ne constituent pas une thérapie EMDR
- Un protocole précis doit être suivi par un professionnel formé
- Les adaptations nécessaires pour certaines problématiques requièrent une expertise spécifique
- L’EMDR n’est pas une technique que l’on peut s’appliquer à soi-même sans risque

Comment Choisir son Thérapeute EMDR ? Critères Essentiels
Étant donné l’importance d’un accompagnement qualifié, voici les critères essentiels pour choisir un thérapeute EMDR :
L’importance de la formation spécifique
Un praticien EMDR qualifié doit avoir suivi une formation complète et reconnue :
- Formation initiale de base (minimum 50 heures) auprès d’un organisme accrédité
- Formation continue et supervision régulière
- Expérience dans le traitement de votre problématique spécifique
- Spécialisation éventuelle (enfants, trauma complexe, addictions, etc.)
Accréditation par des associations reconnues
Pour garantir le respect des standards de qualité, vérifiez l’affiliation du thérapeute :
- En France : Association EMDR France (www.emdr-france.org)
- En Europe : EMDR Europe (www.emdr-europe.org)
- International : EMDRIA (EMDR International Association)
Ces associations tiennent des registres de praticiens certifiés que vous pouvez consulter en ligne.
L’alliance thérapeutique reste primordiale
Au-delà des qualifications techniques, la qualité de la relation thérapeutique est essentielle :
- Sentiment de sécurité et de confiance avec le thérapeute
- Communication claire et transparente
- Respect de votre rythme et de vos limites
- Disponibilité pour répondre à vos questions
Questions à poser lors du premier contact
Pour vous aider dans votre choix, voici quelques questions pertinentes à poser au thérapeute :
- « Quelle est votre formation en EMDR et auprès de quel organisme ? »
- « Êtes-vous accrédité par une association professionnelle EMDR ? »
- « Quelle est votre expérience avec ma problématique spécifique ? »
- « Comment adaptez-vous l’EMDR à mon cas particulier ? »
- « Combien de séances estimez-vous nécessaires dans mon cas ? »
- « Que faites-vous si je me sens dépassé(e) pendant une séance ? »
N’hésitez pas à demander un premier entretien avant de vous engager dans la thérapie. Cette rencontre vous permettra d’évaluer si vous vous sentez à l’aise avec ce professionnel et sa façon de travailler.
Déroulement Typique d’une Séance et Durée de la Thérapie
Structure d’une séance EMDR
Une séance typique d’EMDR suit généralement cette structure :
Accueil et vérification (15-20 min) :
- Discussion sur l’état actuel du patient
- Retour sur les effets observés depuis la dernière séance
- Vérification des ressources de stabilisation
Travail sur la cible (30-60 min) :
- Activation du souvenir cible (ou poursuite du travail précédent)
- Application du protocole avec les séries de stimulations bilatérales
- Traitement des associations qui émergent
Clôture et stabilisation (10-15 min) :
- Techniques de retour au calme si nécessaire
- Préparation à la fin de la séance
- Consignes pour la période entre les séances
Durée variable des séances
Contrairement aux séances standard de psychothérapie (souvent 45-50 min), les séances d’EMDR peuvent avoir une durée variable :
- Généralement entre 60 et 90 minutes
- Parfois jusqu’à 120 minutes pour des séances intensives
- La durée plus longue permet de ne pas interrompre un processus de retraitement en cours
Cette flexibilité dans la durée est importante pour permettre une clôture adéquate du travail entamé et éviter de laisser le patient avec un matériel traumatique activé mais non résolu.
Nombre de séances : une grande variabilité
La durée totale d’une thérapie EMDR dépend de nombreux facteurs :
Pour des traumatismes uniques et récents :
- Parfois 3 à 5 séances peuvent suffire
- En moyenne 8 à 12 séances
Pour des traumatismes multiples ou anciens :
- Généralement 15 à 25 séances
- Réparties sur plusieurs mois
Pour des traumatismes complexes ou développementaux :
- Peut nécessiter un an ou plus de traitement
- Souvent combinée avec d’autres approches thérapeutiques
Ces estimations sont indicatives, car chaque personne réagit différemment au traitement. Le thérapeute réévalue régulièrement les progrès et ajuste le plan de traitement en conséquence.
FAQ : Réponses Rapides aux Questions Fréquentes sur l’EMDR
L’EMDR est-elle remboursée ?
En France, la situation concernant le remboursement varie selon le praticien :
- Si l’EMDR est pratiquée par un psychiatre conventionné : remboursement partiel par la Sécurité Sociale
- Si pratiquée par un psychologue en libéral : généralement non remboursée par la Sécurité Sociale
- Certaines mutuelles proposent une prise en charge partielle des séances avec un psychologue
- Le dispositif MonParcoursPsy permet désormais un remboursement limité de séances avec un psychologue
- Dans certains établissements publics (CMP, hôpitaux), l’EMDR peut être accessible gratuitement
Peut-on faire de l’EMDR en ligne ?
L’EMDR à distance est devenue plus courante, surtout depuis la pandémie de COVID-19 :
- Possible techniquement avec adaptation des stimulations bilatérales
- Des applications spécifiques permettent les mouvements oculaires à distance
- Généralement recommandée pour les personnes ayant déjà eu des séances en présentiel
- Moins adaptée pour les traumatismes sévères ou les personnes très dissociatives
- L’efficacité semble comparable pour certaines problématiques, mais la recherche est encore en cours
Est-ce que ça fait mal ou est-ce difficile ?
L’EMDR n’est pas douloureuse physiquement, mais peut être émotionnellement intense :
- Les séances peuvent réactiver temporairement des émotions difficiles
- Cette activation est transitoire et fait partie du processus de guérison
- Le thérapeute veille à ce que l’intensité reste gérable
- Des techniques de stabilisation sont toujours disponibles si nécessaire
- La plupart des patients rapportent un soulagement significatif après les séances
Quelle différence avec la TCC (Thérapie Comportementale et Cognitive) ?
Ces deux approches validées scientifiquement diffèrent sur plusieurs aspects :
- La TCC travaille davantage sur la modification consciente des pensées et comportements
- L’EMDR cible plus directement les réseaux de mémoire et les processus cérébraux sous-jacents
- La TCC implique généralement plus de travail entre les séances (exercices, registres)
- L’EMDR repose davantage sur les associations spontanées pendant les séances
- Les deux approches peuvent être complémentaires pour certains patients
Faut-il parler beaucoup pendant la séance ?
Contrairement à d’autres thérapies, l’EMDR ne nécessite pas de longs récits détaillés :
- Le patient n’a pas besoin de raconter l’intégralité du traumatisme
- Pendant les séries de stimulations, le patient reste silencieux et observe ce qui émerge
- Entre les séries, un bref compte-rendu suffit (« Qu’observez-vous maintenant ? »)
- Le processus s’appuie plus sur l’expérience interne que sur la narration
- Cette caractéristique rend l’EMDR accessible aux personnes ayant des difficultés à verbaliser leur trauma
Conclusion et Prochaines Étapes
L’EMDR représente une avancée significative dans le traitement des traumatismes et de nombreuses autres problématiques psychologiques. Cette approche thérapeutique combinant stimulations bilatérales et focus attentionnel permet de transformer la manière dont les sou